
Ce n’est pas parce que des foules vous acclament dans les rues de la capitale que vous êtes réellement populaires
Ces dernières années, les Coups d'État ont refait surface dans certains pays de la sous-région comme le Gabon, le Mali entre autres. En effet, le président Macky Sall, qui n’a jamais caché son aversion pour les coups d’Etat, a encore évoqué la question dans son entretien avec " Jeune Afrique ".
" Ce n’est pas parce que des foules vous acclament dans les rues de la capitale que vous êtes réellement populaires. Les présidents déchus aussi avaient des partisans qui les applaudissaient dans leurs meetings" , a déclaré Macky Sall dans les colonnes de "JeuneAfrique", parlant des présidents putschistes de la sous-région.
Évoquant les facteurs qui expliquent cette résurgence des coups d’État en Afrique de l’Ouest, Macky Sall souligne que dans tous les pays touchés par les putschs, il y a eu régulièrement des interruptions de l’ordre constitutionnel depuis les indépendances. " À chaque fois, on dit : ‘‘Il faut aller immédiatement aux élections’’, mais ce n’est visiblement pas la solution " , concède-t-il.
Pour le chef de l’État sénégalais, il faut repenser les armées : " la crise du terrorisme, qui frappe durement les pays du Sahel, est pour beaucoup dans cette instabilité. Quand des militaires meurent au front, on a tôt fait d’accuser le pouvoir en place d’être faible ou de ne pas donner assez de moyens aux soldats. Les gens pensent parfois que la voie militaire est la mieux indiquée parce que, quand règne une impression de chaos, la force la mieux organisée, c’est encore l’armée. Ces coups d’État donnent parfois l’impression de recueillir l’assentiment de la population… ".
Pour éviter la répétition des coups de force en Afrique ou en Afrique de l’Ouest, Macky Sall estime que " d’abord, il ne faut pas que les acteurs politiques eux-mêmes poussent les militaires à prendre le pouvoir en imaginant tirer les marrons du feu – cela arrive, hélas. Ensuite, dans les armées, il devrait y avoir une doctrine intangible : quand on s’engage, on doit accepter de servir sa patrie et refuser d’exercer le pouvoir politique. Si on veut l’exercer, on démissionne, on change de costume, et on tente de convaincre les électeurs. Le pouvoir ne peut pas être conquis par les armes ".