Le souffle ultime du Parti Démocratique Sénégalais (Par IBS)

Abdoulaye Wade

 

"La mort étant par essence une étape douloureuse, on comprend bien les derniers soubresauts du Parti Démocratique Sénégalais, qui l'heure a sonné, mais refuse de rendre l'âme

Un parti politique est comme un être humain, il naît, grandit, connaît son apogée et ensuite, c'est, le déclin. L'histoire politique du Sénégal avant les indépendances à nos jours ne nous démentira pas. Depuis la SFIO (Section française de l'Internationale Ouvrière) de Lamine Gueye, en passant par la BDS (bloc démocratique sénégalais) de Léopold Sédar Senghor, le landerneau politique, Sénégalais n'a jamais manqué de grands partis politiques qui ont marqué les esprits.

Après les indépendants, la dualité farouche entre le Parti socialiste (PS) et le Parti démocratique sénégalais (PDS) durant des décennies n'aura jamais pu enfreindre la percée fulgurante des partis communistes qui ont aussi eu leur place au soleil à des moments donnés de l'histoire.

Dans un passé plus récent, l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD) de Djibo Ka, et l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niass ont aussi joué les trouble-fête. Mais juste, il faut se dire une chose aucun des partis politiques cités depuis le début n'aura échappé à un déclin qui, le plus souvent, se traduit par sa mort naturelle.

La mort étant par essence une étape douloureuse, on comprend bien les derniers soubresauts du Parti Démocratique Sénégalais, qui l'heure a sonné, mais refuse de rendre l'âme.

En 1974, un jeune avocat du nom de Me Abdoulaye Wade porte sur les fonts baptismaux le PDS. Ce fut une naissance douce d'un futur enfant turbulent à un destin tumultueux, mais avec un avenir radieux. Au fil des années, des générations et des élections le parti grandi et s'impose comme une force politique incontournable, mais ne fera pas le poids devant l'ogre PS. Et comme la patience et l'abnégation sont deux valeurs cardinales très chères à Me Wade, après 26 ans d'opposition, un soir du 26 mars 2000, à la tête d'une grande coalition les libéraux accèdent au pouvoir et font tomber les socialistes après 40 ans de règne sans partage. C'est l'apogée du PDS !

Pendant 12 ans, Me Wade, son parti et ses alliés ont dirigé le Sénégal avec de très belles réalisions ternies parfois par la corruption et une gestion gabégique des ressources. Avec l'idée d'une dévolution monarchique du pouvoir agitée par l'opposition d'alors, Me Wade ravale ses vomis sur le nombre de mandats qu'il devait faire, et se présente pour une 3e candidature. Malheureusement pour lui, la coupe était trop pleine pour les Sénégalais. La sanction est sans équivoque. Il perd les élections en 2O12 au profit de Macky Sall. C'est le déclin du PDS !

La perte du pouvoir aura comme une première conséquence négative l'arrestation de Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Le fils de Gorgui sera en détention pendant 3 ans avant d'être exilé au Qatar. Sous le poids de l'âge, Wade-père n'est plus de ses 20 ans, souvent absent du Sénégal pour ses soins. Le PDS tombe dans une léthargie, car les responsables qui dirigent le parti ne font pas l'unanimité.

Les élections se suivent, les défaites se succèdent. Des militants et responsables de premières heures quittent le navire Bleu jaune en pleine tempête. C'est la débandade. Jusqu'ici, le parti gardait son soupir difficilement certes.

Mais il a fallu les investitures de ces élections législatives 2022 pour se rendre compte que le PDS est fini ! D'abord le choix puant d'investir Me Wade à 95 ans tête de liste nationale de wallu Sénégal. Tels des charognards, ils auront profité du ''vieux'' jusqu'à la limite de l'impossible. L’expression "Me Wade est la seule constante du parti" vient d'avoir toute sa signification. Le parti n’a plus de constante, les variantes refusent de grandir ou leur croissance politique est freinée. 

Me Wade a tout fait pour son parti, il s'est investi toute sa vie durant pour le rayonnement du libéralisme alors si même son fils Karim Wade pour des raisons inconnues de tous, se la coule douce à Doha, le PDS n'existera désormais que dans les souvenirs comme la SFIO, la BDS ou P.A.I.

Ensuite, cette liaison au goût d’une fornication avec la coalition Yewwi Askan Wi, ne fait que renseigner davantage sur les obsèques éminentes du parti de Me Abdoulaye Wade à qui nous souhaitons longue vie et santé. Il fait d'ailleurs parti déjà du cercle très fermé des "immortels sénégalais."

IBS