Le Pds liste ses doléances

Abdoulaye Wade et Karim Wade

 

"La vie devient de plus en plus chère

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur le Premier ministre, Mesdames messieurs les ministres, Mesdames et messieurs les chefs de partis et de coalitions,

Mesdames messieurs les chefs religieux et coutumiers, Mesdames messieurs les membres du patronat et du secteur privé national, Chers compatriotes,

Je voudrais au nom du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et de son Secrétaire Général National vous remercier de nous avoir convié à ce dialogue. Notre présence dans cette salle est l’expression de notre engagement patriotique. Elle est également la manifestation accomplie de notre sens des responsabilités et de notre attachement au dialogue politique qui se trouve être un important levier de la démocratie et un élément important de notre programme fondamental.

Pour rappel, le PDS a dialogué avec les Présidents Senghor, Abdou Diouf et le régime socialiste malgré les brimades, les emprisonnements de son leader et de plusieurs de ses hauts responsables. Nous n’avons jamais hésité à répondre à l’appel de notre patrie à chaque fois qu’il a été question de la sauver d’une crise majeure.

Notre participation à ce dialogue s’inscrit dans cette logique. De 2000 à 2012, le PDS au pouvoir et Maître Abdoulaye Wade alors Président de la République n’a jamais cessé de dialoguer avec l’opposition dans l’intérêt de la patrie.

Monsieur le Président, Chers compatriotes, Ce dialogue qui s’ouvre aujourd’hui se tient dans un contexte de grave crise économique, sociale et politique marqué par des tensions politiques importantes dans notre pays, une rupture de confiance entre les acteurs politiques et de fortes divergences sur les règles du jeu politique à quelques mois de la présidentielle prévue le 25 février 2024.

Les Sénégalais sont inquiets. Il se tient également dans un contexte marqué par une inflation galopante, un effritement continu et sans précédent du pouvoir d’achat des populations, un essoufflement des ménages sénégalais. La vie devient de plus en plus chère. Des dizaines de milliers de ménages peinent à joindre les deux bouts et souffrent. Compte tenu du contexte national de grave crise que traverse notre pays, nous avons finalement accepté de participer à cette cérémonie de lancement du dialogue national mais regrettons qu’à ce jour, nous ne disposions d’aucun ordre du jour, d’aucune feuille de route et ne connaissons pas les modalités d’organisation de ce dialogue.

Nous espérons que ces insuffisances seront corrigées rapidement afin que les objectifs de ce dialogue soient atteints et que nous ne décevions pas les attentes des millions de sénégalais qui nous regardent. Nous sommes heureux de voir notre compatriote Khalifa Sall dans cette salle en homme libre de ses déplacements et de sa parole. Sa libération constituait un point d’honneur pour nous durant le dernier dialogue et a été exprimé dans un communiqué signé par le Président Abdoulaye Wade en 2019.

La montée en puissance du discours populiste, de la violence verbale et physique, le repli identitaire et le communautarisme ambiant, l’usage d’armes non conventionnelles dans le jeu politique, l’exacerbation de la crise du système partisan, la violation des droits humains, l’instrumentalisation de l’État à des fins politiques, les difficultés connues dans le processus électoral constituent des menaces réelles pour notre démocratie, pour la paix et la stabilité du pays.

Il nous faut trouver des solutions immédiates et durables. Nous sommes donc là pour aider notre pays à en trouver et à redonner un nouveau souffle à notre démocratie dans la plus grande sincérité et en toute loyauté vis à vis du vaillant peuple sénégalais qui nous suit et qui porte son espoir sur nous.

Monsieur le Président, Lors de votre récente interview accordée à une radio de la place, vous avez évoqué la question du parrainage, la question de l’amnistie et la révision du procès de notre candidat Karim Wade. Nous nous en félicitons et saluons votre courage et votre engagement à faire respecter à notre pays ses engagements internationaux. C’est tout à votre honneur car il est connu par tous que le respect d’un engagement est une forme d’expression de la foi pour tout croyant.

C’est également une marque des grands hommes. Nous voudrions juste rappeler que la réparation de l’injustice subie par Karim Wade et ses compagnons d’infortune ne relève pas d’une affaire d’éligibilité ou d’une question électorale. Il s’agit d’une question d’honneur, de dignité et de justice. Il s’agit également et surtout de faire honorer à notre pays ses engagements internationaux et corriger ses erreurs judiciaires consacrées par plus de 15 décisions de justices internationales et étrangères qui ont toutes condamné l’État du Sénégal.

Monsieur le Président, Nous répondons à votre invitation et nous sommes prêts à aider l’État du Sénégal à apporter à cette question les meilleures réponses. Nous voudrions juste inviter vos collaborateurs, les forces vives de la nation à vous aider à régler cette question ainsi que d’autres similaires. Nous souhaitons, à l’issue de ce dialogue, que notre pays retrouve sa sérénité, la confiance entre les populations et la classe politique, un espace public pacifié de façon durable, un règlement des problèmes liés aux conditions de transparence et de sincérité d’organisation des élections et aux conditions de participation.

Ceci permettra à notre pays d’avoir des élections libres, transparentes et inclusives. C’est pourquoi nous souhaitons qu’au-delà des questions susmentionnées que d’autres questions figurent à l’ordre du jour du dialogue et que des réponses claires, précise et durables y soient apportées : Au plan politique, nous demandons :

- L’audit contradictoire du fichier électoral par l’Union Européenne, les Etats-Unis et l’Union Africaine selon des termes de références arrêtés d’un commun accord par l’opposition et le pouvoir, dès lors que les résultats de l’audit réalisé par l’Union Européenne révèlent des dysfonctionnements d’une grande ampleur dans le fichier notamment l’inscription sur le fichier de plus 400.000 Sénégalais hors période de révision ;

- L’organisation des élections par une personne indépendante, impartiale et consensuelle. Sur cette question, nous pensons que le président Abdou Diouf et le Président Abdoulaye Wade ne doivent pas faire mieux que vous ;

- La suppression ou une réforme approfondie du parrainage dès lors que son adoption et sa mise en œuvre posent énormément de problèmes et constituent une tache noire dans le processus électoral comme l’ont souligné les experts de l’Union Européenne dans le rapport sur l’audit du processus électoral ;

- La poursuite des opérations d’inscription sur les listes électorales et la simplification des procédures d’inscription, notamment pour les primo-votants. La délivrance d’une carte nationale d’identité doit entraîner automatiquement l’inscription sur le fichier électoral et la délivrance d’une carte d’électeur.

Au plan économique et financier, nous demandons qu’un consensus soit trouvé sur les voies et moyens pour :

- Le règlement immédiat des arriérés de dette intérieure, notamment les sommes dues au secteur privé national ;

- La mise en place d’un cadre de renforcement de l’implication du secteur privé national dans l’économie nationale ;

- Un renforcement de la transparence dans la gestion des affaires publiques à travers un renforcement de nos corps de contrôle et la mise en place d’une juridiction spécialisée pour les crimes économiques et financiers ;

- L’arrêt de l’impunité pour les mis en cause dans les dossiers liés à la gestion des deniers public. Au plan social, nous souhaitons :

- La réduction du train de vie de l’Etat ;

- L’augmentation immédiate du salaire des fonctionnaires et des travailleurs du secteur privé qui font face à une dégradation de leur pouvoir d’achat face à l’inflation et l’augmentation du coût de la vie ;

- L’Etat respecte immédiatement et sans délais ses engagements passés vis-à-vis des partenaires sociaux pour mettre fin aux crises systématiques et récurrentes dans le secteur de l’éducation et de la santé ;

- Un renforcement du dialogue social afin de stabiliser les entreprises, le système scolaire, l’espace universitaire, le système sanitaire et nos collectivités territoriales ;

- Une meilleure prise en charge des couches sociales vulnérables et une amélioration de notre système de protection sociale ;

- Un système de soutien aux ménages dans ce contexte d’inflation et d’augmentation du coût de la vie. Au plan culturel et religieux, nous voulons qu’à l’issue de ce dialogue que le Sénégal puisse disposer :

- De meilleurs mécanismes de soutien et d’accompagnement pour les foyers religieux ;

- D’une meilleure prise en charge des daaras, de la question des talibés et des enfants de la rue.

Monsieur le Président, Chers compatriotes, Le PDS, premier parti d’opposition à l’Assemblée Nationale en nombre de députés est un grand parti, un parti cinquantenaire. Sa contribution légendaire au processus de développement économique et social de notre pays n’est plus à prouver, à l’avènement d’une démocratie qui impose le respect à travers le monde, à l’amélioration des conditions de vie des populations sénégalaises, au rayonnement de notre pays à travers le monde avec à sa tête cet homme d’exception qu’est le Président Abdoulaye Wade qui a soufflé ses 97 bougies avant hier, lui impose un comportement responsible, républicain et tourné vers l’avenir.

C’est pourquoi, nous réaffirmons, ici devant l’opinion publique nationale et internationale que la stabilité future du Sénégal et la paix dépendront,

Monsieur le Président de la République de votre volonté de prendre en compte les propositions du PDS, mais également celles des autres partis politiques présents et non présents à ce dialogue, et de la mise en œuvre rapide des conclusions de ce dialogue, afin que de manière consensuelle nous puissions créer les conditions d’une élection présidentielle de 2024 apaisée, ouverte, transparente et démocratique.

Monsieur le Président de la République, nous avons beau être ici et dialoguer, mais in fine vous serez seul responsable devant l’histoire par vos actes et par «le rôle» que vous entendez ou pas jouer dans cette prochaine élection présidentielle à pouvoir ramener la paix et faire rentrer le Sénégal dans l’ère des grandes démocraties du monde, et ainsi vous rejoindrez avec tous les honneurs le panthéon des anciens Présidents de la République qui ont marqué les grandes avancées démocratiques dans le monde. Vive le Sénégal !!

Merci de votre aimable attention.

Fait à Dakar, le 31 mai 2023