LE MÉDIATEUR N'EST PAS UN FAISEUR DE PAIX  (DEMBA KANDJI) 

Demba

 

" Quand on entend parler de médiateur, on a tendance à penser à un faiseur de paix

L'ancien président de la Cour d’appel et actuel médiateur de la République, Demba Kandji s'est prononcé sur les questions d'actualité ce dimanche lors de l’émission Jury sur les ondes de la 90.3 Iradio. En effet, il a d'abord évoqué le débat sur la fiabilité du processus électoral. Selon lui les magistrats jouent un rôle extrêmement important dans les joutes électorales au Sénégal. « Les gens n’ont pas suffisamment fait attention au rôle que jouent les magistrats dans la phase de supervision du vote, dans la phase de collecte et de traitement des suffrages. C’est une phase éminemment délicate. La commission nationale de recensement des votes est une trouvaille sénégalaise, une originalité de la démocratie sénégalaise. J’ai présidé cette commission pendant 10 ans et je n’ai jamais vu une situation aussi transparente », a-t-il déclaré. Sur une question de savoir est-ce que le processus est fiable. Il a fait remarquer que : « c’est normal que les uns et les autres contestent. Je pense que dans tous les pays on entendra plus ou moins une voix discordante. Mais, le processus que j’ai connu qui implique les magistrats est un processus très fiable. Je jamais subi de pressions venant du pouvoir. Je n’en ai jamais subi. Tout le monde est représenté et tout le monde a le même procès-verbal. Ça me gêne d’en parler parce qu’il n’y a pas de réponse à ça. A mon avis, le processus est fiable ».

Ainsi, le médiateur de la République, Demba Kandji a aussi parlé sur la tension politico-sociale. Selon lui, Le médiateur n’est pas un faiseur de paix. « Quand on entend parler de médiateur, on a tendance à penser à un faiseur de paix. Le médiateur n’est pas un faiseur de paix. Du point de vue du droit, au plan juridique la médiation ne peut pas être considérée comme un conciliateur. La médiation ce n’est pas l’arbitrage, ce n’est pas la transaction qui sont d’autres modes de règlement des conflits. Mais cela ne m’empêche pas d’écrire pour donner des pistes de réflexion et je reçois des réponses que je ne partage pas ici. Sur la tension politique, j’ai écrit à qui de droit. Je ne vais pas entrer dans une certaine cacophonie. Il y’a des gens qui sont là pour réguler l’Etat. ABC, mon prédécesseur paix à son âme, avait cette méthode pour faire des sorties », a-t-il dit.

Avant de poursuivre : « moi j’ai choisi l’écriture à cause d’une déformation qui me vient de mon autre vie. J’écris aux plus hautes autorités pour des solutions de paix, pour des solutions qui permettent aux citoyens de vaquer à leurs occupations sans entrave. Quand il y’a des entraves sur la liberté d’aller et de venir concernant les citoyens, qu’on me saisisse ou pas, je me suis prononcé. Mais, j’ai préféré écrire et mes archives le révéleront un jour ». De plus, Demba Kandji rappelle que le médiateur ne doit en aucun cas sortir de son rôle. « Le médiateur porte les réclamations du citoyen auprès de l’administration. Le médiateur peut lui-même se saisir. Le médiateur peut s’autosaisir à moins qu’il rende compte après. C’est très rare que ça arrive. Quand la situation le requiert, il peut procéder à des investigations, à des enquêtes en utilisant les appareils de l’Etat comme la Cour des comptes, l’IGE, l’Inspection générale de l’administration de la justice. Il est interdit au médiateur de se prononcer sur un dossier pendant devant la justice. Le médiateur ne doit pas également se prononcer sur la politique étrangère de l’Etat, sur la défense nationale et sur le secret de l’instruction », admet il.

Malick Bassirou Diop