"Le magat turc Selima pris au bas mot 2000 milliards au Sénégal ", selon Cheikh Yerim Seck

Cheikh Yérim Seck

 

" Le Centre international de Diamniadio n'est pas rentable

Autre fait de gestion sur la liste des nébuleuses, le choix de consacrer environ 100 millions de dollars à la construction à Diamniadio du centre international de conférences Abdou financement. Diouf (Cicad). En prévision du XVe Sommet de l'Organisation inter-nationale de la Francophonie que notre pays devait accueillir les 29 et 30 novembre 2014, le président Macky Sall a décidé de confier, sans appel d'offres, à l'entreprise turque Summa Turizm Ya Tirimciligi A.S., la construction du centre qui devait abriter l'événement. Devant la polémique soulevée par le coût élevé et les doutes sur l'opportunité de cet ouvrage, le gouvernement avait indiqué que les Turcs venaient avec leur argent, construisaient et se faisaient rembourser dans la durée.

Après vérification, cet argument fourni pour conférer un avantage comparatif à l'entreprise choisie s'est révélé faux. En effet, seuls 31,8 milliards ont été apportés par la banque turque Export Crédit Bank of Turkey. L'Etat du Sénégal a déboursé 19.3 milliards pour compléter le financement. Ensuite, le rendement promis, qui devait découler de l'accueil de rencontres et conférences nationales et internationales, n'a été qu'une chimère de plus. Le 15 décembre 2015, Amadou Ba, alors ministre des Finances, a été obligé, lors de l'examen par les députés de la loi portant création de la Société de gestion des infrastructures publiques dans les pôles urbains de Diamniadio et du Lac rose le (Sogip), de l'avouer:

" Le Centre international de Diamniadio n'est pas rentable. " Enfin, cet ouvrage aurait pu coûter la moitié du prix déclaré si un appel à concurrence avait été lancé, selon plusieurs dirigeants d'entreprises sénégalaises de construction ulcérés qu'autant d'argent ait été donné au magnat turc Selim Bora alors que l'expertise sénégalaise aurait pu bâtir une infrastructure plus belle, plus grande, plus moderne et moins coûteuse. Mais les commissions auraient été moins, grasses et il y'aurait plus de risques de fuites à propos des << dessous de table ». D'où la propension de nos autorités à tout confier aux étrangers avec lesquels ils sont plus à l'aise pour " traiter ". D'autres fonds donnés au même homme d'affaires, patron de Summa, font également tache sur les mains prétendument blanches exhibées par le régime. Il s'agit des avenants signés après la mise à l'écart de Saudi Ben Laden (qui avait réalisé 90% de l'aéroport international Blaise Diagne de Diass) ayant porté le coût de l'ouvrage de 200,8 milliards prévus au départ à 424 milliards de francs CFA et reporté l'inauguration, qui avait été prévue en décembre 2015, à décembre 2017.

Summa, choisi de gré à gré pour terminer les travaux, a été payé, pour en suite se voir confier la gestion de l'aéroport, en avril 2016. Ne sachant pas gérer une infrastructure de ce type, ayant le BTP comme cœur de métier, Summa a trouvé la parade en allant s'allier avec Limak, une autre entité turque qui compte parmi ses actionnaires le fils du président Recep Tayyip Erdogan, grand ami du numéro un sénégalais. Ceci explique cela... Limak Aibd Summa (LAS), le consortium ainsi formé, a un tour de table particulièrement défavorable à l'État sénégalais qui a intégralement construit son aéroport (à l'aide de fonds propres et de dettes qu'il va payer) pour se retrouver avec 34 % des parts de LAS, contre 33 % pou Summa et 33% pour Limak. Même si le plus brillant économiste au monde me l'explique, j'aurai du mal à comprendre logique qui consiste à donne son aéroport achevé à gérer avec, comme rémunération versée au gestionnaire, 66% de ce que l'infrastructure produit. Si le Sénégal n'a pas, six décennies après son indépendance, un ressortissant ou une entreprise nationale capable de gérer un aéroport, c'est à désespérer de ce pays. Les Tures, appelés en sauveurs, se comportent, logiquement, comme des colons qui méprisent et maltraitent les entreprises sénégalaises évoluant sur la plateforme aéroportuaire