Lendemain de Korité à Dakar, la fête ou la fainéantise ? ( Reportage)

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"Aujourd’hui même si je suis au bureau, je ne serais pas à 100 % de mes capacités"

C’est devenu une tradition au Sénégal, les lendemains de fête de Korité, tous les secteurs sont paralysés. Pourtant il n’y a aucune loi qui stipule que le lendemain de Korité est, un jour, chômé et payé, seulement une longue pratique qui au plus dénote la fainéantise sénégalaise.


Très loin du brouhaha et des embouteillages qui rythmaient la route de Ngor, ce matin de mardi, lendemain de la Korité 2022, les quelques voitures qui passent circulent librement dans les deux sens. Ni minibus Tata, ni bus DDD, encore moins les cars traditionnels (Rapid ou Ndiaga Ndiaye), n’est rempli à plein. On ne rencontre que quelques travailleurs, la majeure partie s’activant dans le secteur informel, et à pas feutrés essayant de se rendre au boulot.


Au rond-point de Ngor, Moussa, un ouvrier d’une trentaine, quelques outils à la main, attend la ligne 49 depuis une vingtaine de minutes. « Vous me voyez comme ça, je suis maçon dans ma tenue, je dois terminer un chantier aujourd’hui, mais on dirait que le jour est mal choisi. Déjà avoir une voiture relève d’un parcours de combattant et ensuite ce qui est sûr, mes coéquipiers ne viendront pas me prêter main-forte, c’est toujours difficile les lendemains de fête au Sénégal », peste-t-il sous un vent fort qui souffle.


Non loin de lui, une jeune dame, bien dans sa robe rouge moulante, elle manipule son téléphone avec son sac accroché sur une épaule. Ndeye Fatou attend aussi un bus. Elle travaille dans une banque et se voit obligé de rejoindre son lieu de travail malgré elle. 

« C’est difficile de travailler le lendemain de la Korité, les activités liées à cette fête sont nombreuses surtout pour nous les femmes. L’Etat devait accorder, au moins, un jour férié. Aujourd’hui, même si je suis au bureau, je ne serais pas à 100 % de mes capacités", se désole la jeune dame.


La situation qui prévaut dans cette zone, est juste un échantillon de ce qui se passe, partout dans Dakar, la capitale économique du Sénégal. Les bureaux sont déserts, les employés pour la plupart sont restés chez eux, idem pour ceux qui sont dans l'administration. 

Les activités fonctionnent au ralenti pour encore un jour de perdu et des milliards qui vont se volatiliser dans un contexte de crise mondiale. Difficile de situer les responsabilités entre une administration trop indulgente et des employés laxistes.