Assassinats , meurtres , agressions : La population de Pikine partagée entre la peur et la mélancolie

double assassinat à Pikine

 

" Les malfrats imposent leur loi dans la banlieue 

Les malfrats imposent leur loi L'insécurité omniprésente à Dakar, particulièrement dans les banlieues, perturbe le quotidien des habitants. Les meurtres et les agressions se multiplient, avec une récente découverte macabre de deux corps sans vie à Pikine Technopole qui a enflammé les débats sur les réseaux sociaux.

À 10 heures, au rond-point Bount de Pikine un quartier de la banlieue dakaroise , certains vendeurs étalent leurs marchandises tandis que d'autres écoutent des "Xassida" (chanson ou poème accompagné d'une rhétorique souvent écouté par les fidèles de la confrérie mourides). Sous le soleil brûlant, le va-et-vient des clients constitue le décor.

La plupart des personnes interrogées préfèrent éviter le sujet, car, disent-elles, la victime de la semaine dernière avait dénoncé les problèmes d’insécurité quelques semaines avant son décès. On sent l'inquiétude dans leurs voix, ils n'ont pas voulu donner leur point de vue, car ils craignent un danger quelconque. Pour simplement dire les malfrats ont su dicter leur loi dans la banlieue.

Bassirou Sall, un commerçant rencontré dans sa boutique, exprime son inquiétude : " L’insécurité dans cette banlieue est liée au manque d’éducation. Les parents ont une part importante de responsabilité. Le manque d’éducation et l’indiscipline des jeunes se reflètent dans leur comportement dans les rues. Les enfants n’ont plus peur de rien. » Mountaga Diaw, vendeur de chaussures, souligne que les problèmes d’insécurité sont multiples. Selon lui, le premier responsable est le manque d’éducation des enfants, et le second est le rôle des forces de l’ordre.

"Les parents n’éduquent plus leurs enfants comme il se doit. Certains fuient leurs responsabilités d'éduquer et de veiller sur leurs enfants. Il est crucial d’éduquer son enfant, c’est ce que recommande l’islam ", ajoute-t-il.

Mountaga insiste également sur l’importance d'une bonne communication entre la police et la population pour éviter les tensions. Médoune Gningue, chauffeur, estime que l'indiscipline est un facteur clé et plaide pour la réintroduction du couvre-feu.

" À l’époque du couvre-feu, tout était plus calme. Les gens savaient quoi faire, la sécurité était renforcée et les forces de l’ordre veillaient sur la sécurité de chacun", explique-t-il.

Selon lui, il est désormais possible de marcher pendant des kilomètres sans croiser un agent de sécurité. Bara Faye, également chauffeur, attribue l’insécurité à l’arrogance, au manque de tolérance et à l'absence d'éducation. "Les gens ne cultivent plus la paix dans leur cœur et perdent leur sang-froid facilement", affirme-t-il.

En ce qui concerne les multiples versions sur l’affaire du double meurtre à Pikine et la responsabilité de l’État face aux réseaux sociaux, les habitants souhaitent des mesures rigoureuses pour freiner ceux qui propagent des discours nuisibles et commentent des sujets qu'ils ne maîtrisent pas.

La majorité des personnes interrogées se prononcent en faveur de l'application de la peine de mort, estimant que cela est nécessaire dans un pays majoritairement musulman. Mountaga rappelle d'ailleurs le cas de l’agresseur tué et brûlé à Thiès. Cependant, Médoune craint que la peine de mort ne soit appliquée de manière injuste, favorisant les riches qui pourraient contourner la justice en se procurant des certificats de folie.

La réponse des autorités est attendue avec impatience. Les résidents espèrent des actions concrètes pour restaurer l’ordre et garantir leur sécurité. En attendant, le sentiment d’insécurité continue de peser lourdement sur le quotidien des Sénégalais, qui exigent des réponses fermes face à l’impunité croissante des malfrats.

Farmata Diong & Emilie MITSOMOYI