Ali Bongo Ondimba annonce son retrait définitif de la vie politique

Ali Bongo

 

     " Mes visites dépendent de l'autorisation des militaires

L'ancien président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a déclaré mercredi soir son retrait définitif de la vie politique et son abandon de toute ambition nationale. "Je tiens à réaffirmer mon retrait de la vie politique et mon renoncement définitif à toute ambition nationale. Je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble ou de déstabilisation", a-t-il affirmé.

Dans une lettre ouverte rédigée avec l'assistance de son avocate, Me Gisèle Eyue Békalé, M. Bongo a évoqué ses 14 années de mandat héritées de son père. C'était pour lui l'occasion de faire son autocritique, admettant les lacunes dans sa gestion du pays. "Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j'assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s'agissant du fonctionnement de nos institutions", a-t-il dit. «Seul président et responsable de mes décisions, je comprends que, malgré les réalisations effectuées sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore, et cela reste mon plus grand regret", a-t-il ajouté.

M. Bongo a également évoqué les conditions d’incarcération de son épouse, Sylvia, et de leur fils, Noureddin Bongo, tous deux accusés de corruption, de détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent, entre autres. "J'en appelle à l'apaisement, à l'arrêt des violences et des tortures infligées à ma famille, plus particulièrement à mon épouse Sylvia et à mon fils Noureddin, et à leur libération, car ils sont détenus depuis trop longtemps pour des faits dont ils n’ont pas été reconnus coupables, a-t-il écrit dans sa lettre adressée à la presse.

L'ancien président rompt ainsi plusieurs mois de silence pour exprimer ses «regrets face à la situation de précarité» et dénoncer les conditions de sa détention en résidence surveillée dans sa villa de Libreville, la capitale, depuis le coup d'État qui a mis fin à son mandat. "Je demeure privé de mes déplacements, soumis à une surveillance quotidienne, isolé du monde extérieur, sans communication et sans nouvelles de ma famille. Mes visites dépendent de l'autorisation des militaires", affirme-t-il. M. Bongo, 65 ans, a été destitué par un coup d'État mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema le 30 août 2023, moins d'une heure après la proclamation des résultats de la présidentielle qu'il venait de remporter pour la troisième fois consécutive. Il était déjà affaibli par un AVC survenu en 2018.

Emilie Mitsomoyi